Ce texte est un « article presslib’ » (*)
C’est un beau tollé ce matin, une belle levée de boucliers : « Regardez ce qu’a fait l’Allemagne : elle enfonce encore davantage l’euro ! ». Ou encore, le
titre d’un article du Wall Street Journal : « L’interdiction par l’Allemagne des positions nues dans la vente à découvert de certains instruments de dette et des
Credit–Default Swaps, ainsi que de certains titres cotés en bourse, pourrait affaiblir l’économie globale ». Ah ! quelle touchante sollicitude de la finance spéculative pour l’économie
globale ! Elle a parcouru du chemin apparemment depuis 2008, ne nous plaignons donc pas !
Je ne sais pas pourquoi, mais je ne donne pas pour autant l’Allemagne perdante. Ni la Chine d’ailleurs, à l’autre bout du monde. Le tri est en train de se faire à vive allure entre les gagnants
et les perdants. Curieusement je ne vois pas le Royaume-Uni parmi les gagnants – malgré sa garde prétorienne imposante de hedge funds.
Si la France et les autres ne rejoignent pas rapidement l’Allemagne dans sa mise au pas de la finance spéculative, on risque de voir se constituer un euro « vitaminé », équivalent à un « mark
reconstitué », regroupant l’Allemagne et sa zone d’influence en Europe – qui ne s’étend pas seulement au Benelux et à l’Autriche, mais peut inclure aussi une grande partie, voire la totalité
des anciens pays communistes d’Europe Centrale. Il y aurait alors au centre, un Saint-Empire, et sur le pourtour, ce qu’on appelait à l’époque, les « marches » : « zones de confins entre deux
dominations », si l’on en croit le dictionnaire. Il ne faudra pas alors venir se plaindre.
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